La houle s’est levée avec le
vent. Nous avons passé le cap Béar en direction du sud. Nous allons chercher le
Roland-Isabelle, chalutier de 23 m coulé il y a 10 ans sur un fond de 40 m pour protéger la réserve marine de
chalutages illégaux. Nous avons des amers et des coordonnées GPS. Première
recherche au sondeur avec les amers… Rien. 2e recherche en
confrontant les amers aux coordonnées GPS… Rien… Soudain, à l’écart des points,
le sondeur indique un relief sur le fond. Il y a quelque chose… Mais
quoi ? L’épave que nous cherchons ou autre chose ? Nouveau passage,
largage de la gueuse… Nous descendons. L’eau se charge en particules et lorsque
nous arrivons à la gueuse, enfouie dans la vase à 42 m, c’est la purée de pois.
Juste en face de nous, une forme sombre, indistincte, se dessine.
Une structure parallélépipédique
avec un trou circulaire se trouve posée sur le fond contre ce qui pourrait être
un reste de côté de carène. La visibilité très réduite empêche toute vue
suffisamment large pour se représenter ce qu’est tout cela. Des restes de
filets et de cordages sont accrochés sur ces fragments, tiges métalliques et
morceaux de bois.
Nous longeons ce qui a dû être le
côté bâbord, si j’en juge par la courbure, se redressant jusqu’à s’arrêter net
à l’étrave (?). Ce côté est une sorte de quadrillage où seuls des montants et
membrures demeurent, tressant un canevas troué.
En de nombreux endroits, cet
entrelacs pourrissant est très encroûté et colonisé par de la faune fixée.
Mais ces débris d’épave délabrée
ne sont pas inhabités : de nombreuses langoustes, parfois seules, parfois
groupées par 2 ou 3, jalonnent notre exploration au milieu des habituels
anthias.
Le temps écoulé et la purée de
pois nous empêchent de poursuivre la visite de l’autre côté de notre point de
départ. Alors, est-ce le Roland-Isabelle
dans un état aussi délabré en 10 ans, portant les restes de filets signant une
activité illégale, à l’écart du point indiqué par les amers et de celui donné
par le GPS ? Ou est-ce une épave un peu plus ancienne, mais alors
laquelle ?
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