Article initialement paru en juin 2015
Depuis longtemps nous entendions des histoires d’avions
tombés ici ou là, entre Argelès et Saint Cyprien, sans jamais savoir
précisément où. Nous avons collecté quelques informations et même quelques
points très approximatifs concernant un avion. Certains semblaient bien
connaître le site puisque des images circulaient depuis quelques années. Mais
impossible d’en savoir plus, car nous aurions pu, peut-être, ouvrir au grand
public un trésor gardé caché ! Donc, nous avons cherché, questionné,
fouillé et finalement, trouvé. Trouvé, oui, mais quoi exactement ?
Largage de la gueuse, descente, quelques coups de palmes
et :
Enfin ! Enfin ? Enfin…
Nous sommes à la recherche d’un avion disparu 70 ans plus
tôt. Les rares images que nous avions vues, ne remontant pourtant qu’à quelques
années, montraient une forme d’avion, un fuselage, une queue, des ailes…
Sommes-nous bien sur le même vestige ? J’ai du mal à le croire.
Les maigres restes se composent de ce qui serait une aile et
d’une masse métallique difficile à identifier mais qui a été déplacée.
Un congre loge à l’intérieur de l’aile. Le bord de l’aile
est délimité par un alignement de spirographes qui ont trouvé un support solide
sur ce fond de vase.
De la masse métallique, peu de choses à dire à première vue,
si ce n’est que c’est un tout petit récif artificiel grouillant de vie
Les spirographes, comme les éléments solides, servent de
supports à de nombreuses pontes de calmars et de seiches.
De petits crustacés se cachent au milieu des débris.
Un poulpe est caché derrière sa muraille de coquillages. Il
est timide et peu intéressé par la tentative de gratouille…
Les petits bancs de petits poissons et les mouvements des
nombreuses blennies curieuses donnent une impression d’animation qui tranche
avec les environs faussement déserts visuellement et ponctués de beaux
cérianthes.
Mais nous ne sommes pas là uniquement pour faire un
inventaire de biodiversité. Il nous faut des données qui nous aideront dans
notre enquête, par exemple des dimensions.
Pour terminer, voici une question : que représente la
scène suivante ?
a- le bateau est attaqué par des pirates
b- c’est la danse de la pluie parce qu’il fait trop beau
c- c’est-pas-moi-m’sieur-j’ai-rien-fait-m’sieur
d- un début de prière de remerciement à Poséidon (mais où
sont les offrandes ?)
Après quelques plongées infructueuses, nous avons trouvé de
maigres vestiges. Pouvons-nous dès à présent affirmer leur origine ? Ce
n’est pas certain…
Ce qui devient une épave est voué à disparaître à plus ou
moins long terme. La désagrégation n’est pas linéaire en fonction du temps. Les
parties les plus fragiles sont détruites rapidement, puis la structure
fondamentale résiste jusqu’au moment où elle commence à céder. A ce stade, une
accélération du processus de disparition peut s’enclencher. Rien n’est fait
pour enrayer le mécanisme. Tout ce qu’on peut encore espérer, c’est sauver la
mémoire de l’événement. Encore faut-il qu’il y ait suffisamment d’informations
pour écrire un récit souvent tragique, mais qui appartient à l’histoire locale.
C’est là que les choses se compliquent : refus de communiquer, égoïsme
primaire, pseudo-privilège de chasse gardée, incompréhension de la
problématique… Il est difficile d’obtenir des informations. Et lorsque les
vestiges sont désormais près de la dissolution finale, l’enquête se complique
encore… En voici un bel exemple.
Quoi qu’il en soit, ces restes ne sont plus totalement
perdus pour tout le monde à l’exception de ceux qui voulaient se les garder.
Nous avons encore beaucoup de travail pour leur redonner vie à travers une
histoire. Bien entendu, c’est avec le plus grand plaisir que nous recevrons des
informations sur ce site de la part de ceux qui auraient envie de partager,
avant que tout soit définitivement perdu.
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