Article initialement paru en 2014.
Après les fortes pluies, le marin plus que
sensible suivi par la tramontane violente, les eaux n’étaient pas très claires
en bordure de la côte. Néanmoins, nous nous sommes mis à l’eau à proximité
immédiate d’une toute petite plage de la côte rocheuse. L’objectif du jour
était de trouver des restes du Mirotres,
navire espagnol perdu dans ces eaux en 1920.
Dans quelques mètres, nous sommes ballottés par la
houle et la visi est assez réduite, ce qui complique la recherche. Dans cette
eau laiteuse, nous tombons littéralement nez à nez avec une murène. L’animal
est aussi surpris que nous ! Un peu coincée contre un rocher, la murène
fait d’abord face la gueule grande ouverte puis s’éloigne assez rapidement.
Nous reprenons les recherches et tout ce que nous
trouvons, ce sont des tiges de fer et des blocs de béton.
Pas très encourageant ? En fait, si, nous
nous attendions à trouver ces types d’objets. Pourquoi ? Parce que le Mirotres était un navire particulier :
il était construit en béton armé.
Le Mirotres était un navire à voiles et moteur à
essence de 34 m de long sur un peu plus de 7 m de large. Il a été construit en
1918 près de Barcelone. Dès le début de la Première Guerre mondiale, la demande
en acier est si forte qu’il faut économiser ce matériau. Le béton armé est une
alternative pour la construction navale.
Deux ans après sa sortie des chantiers, par un
jour de brouillard, le Mirotres
s’échoue sur des écueils au sud de Banyuls. Dans si peu de fond, une épave
vieillit mal et après 95 ans de houle et de tempêtes, que peut-il bien
rester ? Le béton armé vieillit-il mieux que l’acier ?
Tous ces fers et ces agglomérats de béton arrondis
par les frottements tels des galets naturels semblent indiquer une désagrégation
complète de l’épave. Plus profond, nous trouvons ce qui devait être un morceau
de coque : 3 carrés d’un mètre de côté.
La partie centrale est la plus usée. Le béton a
été érodé et le maillage métallique est exposé à la corrosion.
Voilà une heure que nous déambulons et avec cette
visi réduite nous n’avons pas couvert toute la zone. Des effets de la
température de l’eau et de la houle commencent à se faire sentir. Il est temps
de remonter. Ces maigres résultats sont néanmoins encourageants le Mirotres est bien là, brisé, démantelé.
Il faudra revenir lorsque les conditions seront meilleures pour chercher
d’autres restes.
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