Il neige. Sous un ciel gris, le paysage perd ses couleurs pour se
couvrir de blanc. C’est l’hiver, encore. La reprise de la saison n’est pas pour
tout de suite. Les images de la saison passée sont comme ces photos qu’on
ressort de temps en temps pour se repasser des histoires que l’on attend de
revivre. L’an dernier, il y a eu beaucoup de visites des épaves…
Le numérique donne des images lumineuses à l’écran. On peut
accentuer les couleurs, saturer les teintes, trafiquer à loisir et garder les
intermédiaires pour y revenir si on le souhaite. Les images des souvenirs sont
aussi biaisées, modifiées et finissent dans un flou qu’on ne peut pas corriger.
Pourquoi dans mon esprit le mot épave est-il associé à quelque chose
de vieux, qui a vécu ? J’ai du mal à m’imaginer une jeune épave qui fasse
vraiment épave. Une épave, ça se doit d’être vieux, rouillé, un minimum délabré
et surtout très en désordre.
L’Alice Robert est devenu un lieu familier. Si familier qu’on ne
songe même plus à l’appeler que par son petit nom, le Bananier. Descendre le
voir, c’est rendre visite à une vieille connaissance au caractère un peu
difficile, voire capricieux.
Le Bananier est une véritable épave qui parfois offre des images
floues d’origine, en couleurs mais souvent en camaïeu de bleus et de verts. Le
Bananier laisse des images à l’esprit…
On peut le découvrir une première fois, puis apprendre à le
connaître en 100 fois, et plus… Avec le temps, des détails s’ajoutent aux
repères. Avec le temps, les marques du vieillissement apparaissent : ce
qui était une épave déjà épave devient une épave qui vit et vieillit.
L’énorme masse de tôle semble figée, mais cette impression est aussi
fausse que la solidité générale des structures traîtresses.
Dans cette immobilité subissant sans défense les assauts
d’agresseurs aussi divers que filets, grappins et éléments, il subsiste
l’immuabilité des sensations.
Alice Robert, 3 mois déjà que je suis ici et toi là-bas…
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