Cela fait bien longtemps que je n’ai plus parlé du Pytheas. Cette épave n’a absolument rien en commun avec les 4
cargos de la région, et peu avec le Bazan. Le Pytheas semble être la plus
vieille épave répertoriée du secteur (à moins que quelqu’un me communique des
coordonnées d’une autre épave plus ancienne…). Il a coulé 41 ans après sa mise
à l’eau, il y a un peu plus de 112 ans, ce qui lui donne un âge respectable. A
l’inverse des autres, il a coulé tout seul, enfin, sans l’aide d’un sous-marin
ni même d’une panne des machines. Les roches et la météo ont suffi. Comme le
Bazan qui a sombré au bas des mêmes falaises, un peu plus loin, c’était un
trois-mâts vapeur. Mais il était plus petit, mesurant seulement 50 m. Et malgré
la proximité immédiate des roches, l’exposition aux caprices de la mer et le
travail des scaphandriers, il reste plus de vestiges du Pytheas que de son
voisin.
La plongée se déroule, entre 3 et 15 m, sur 4 zones :
la chaudière, la poupe, les membrures et la zone de la proue.
La chaudière.
Ce gros cylindre, d’environ 3 m sur 3, peut être la première
image de l’épave.
Peu encroûtée, en partie couverte de gorgones blanches, sa
surface accueille nombre de flabellines, hervias, planaires et clavelines.
Je suis toujours intrigué par une zone sans aucune
colonisation ni encroûtement visible comme sur le reste de la surface, selon un
découpage net et précis dans la zone pourtant la plus habitée par les gorgones.
Est-ce dû à un alliage différent ? A une toxicité du substrat ?
L’ouverture circulaire près de la base, côté vers le large,
permet de jeter un œil aux tubulures à l’intérieur envasé.
La poupe.
C’est la seule structure du navire en partie conservée.
Elle est posée sur bâbord et ce qui devait être le gaillard
d’arrière est à présent très ajouré.
En contournant par l’arrière, la cambrure très accentuée se
dessine et on découvre les emplacements vides de l’hélice et du gouvernail,
disparus.
En remontant vers la côte, on longe ce qui reste de la
quille et ce qui doit être un segment de l’arbre de transmission.
Les membrures.
En remontant en direction de la côte, sur une vaste surface
de la pente douce s’étalent les membrures.
Il faut fouiller sous ces tôles pour dénicher les poulpes.
Puis, en remontant la pente, on rejoint la paroi rocheuse.
Il faut passer sous l’arche pour accéder à la dernière zone
à visiter.
La zone de la proue.
Dans cette faille étroite et peu profonde se trouvent des
restes des chaînes de mouillage.
Les anneaux sont soudés par la rouille et l’encroûtement.
Juste à côté se trouve l’une des deux ancres.
Il y a 2 ans encore, la seconde ancre était posée contre
celle-ci. Elle s’est évaporée… Je suppose qu’elle doit servir de bibelot dans
un jardin, au bord d’une piscine, dans un salon… M’étant replongé dans le livre
d’Hervé Levano Les Epaves de la Côte Vermeille, une de mes références pour ces
histoires d’Histoire, je suis tombé sur un petit encart que j’avais
oublié (p. 38) :
« Une ancre ancienne, parée d’épaisses concrétions, est
bien plus belle sous l’eau qu’à l’air libre. Combien d’ancres de ce type
ont-elles rouillé au fond d’un jardin ou devant une capitainerie ?
J’espère que les lecteurs sauront se contenter d’observer sans les
remonter… »
J’ai cité cet exemple de vol égoïste dans un article paru
récemment. J’en parlerai plus largement prochainement dans ces pages
virtuelles.
[Depuis, la 2e ancre a réapparu, à sa place. NDLR]
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