dimanche 13 décembre 2015

Plus petite, plus vieille, plus disloquée mais plus accessible

Article initialement paru en 2009.

Cela fait bien longtemps que je n’ai plus parlé du Pytheas. Cette épave n’a absolument rien en commun avec les 4 cargos de la région, et peu avec le Bazan. Le Pytheas semble être la plus vieille épave répertoriée du secteur (à moins que quelqu’un me communique des coordonnées d’une autre épave plus ancienne…). Il a coulé 41 ans après sa mise à l’eau, il y a un peu plus de 112 ans, ce qui lui donne un âge respectable. A l’inverse des autres, il a coulé tout seul, enfin, sans l’aide d’un sous-marin ni même d’une panne des machines. Les roches et la météo ont suffi. Comme le Bazan qui a sombré au bas des mêmes falaises, un peu plus loin, c’était un trois-mâts vapeur. Mais il était plus petit, mesurant seulement 50 m. Et malgré la proximité immédiate des roches, l’exposition aux caprices de la mer et le travail des scaphandriers, il reste plus de vestiges du Pytheas que de son voisin.

La plongée se déroule, entre 3 et 15 m, sur 4 zones : la chaudière, la poupe, les membrures et la zone de la proue.

La chaudière.
Ce gros cylindre, d’environ 3 m sur 3, peut être la première image de l’épave.


Peu encroûtée, en partie couverte de gorgones blanches, sa surface accueille nombre de flabellines, hervias, planaires et clavelines.


Je suis toujours intrigué par une zone sans aucune colonisation ni encroûtement visible comme sur le reste de la surface, selon un découpage net et précis dans la zone pourtant la plus habitée par les gorgones. Est-ce dû à un alliage différent ? A une toxicité du substrat ?


L’ouverture circulaire près de la base, côté vers le large, permet de jeter un œil aux tubulures à l’intérieur envasé.



La poupe.
C’est la seule structure du navire en partie conservée.


Elle est posée sur bâbord et ce qui devait être le gaillard d’arrière est à présent très ajouré.


En contournant par l’arrière, la cambrure très accentuée se dessine et on découvre les emplacements vides de l’hélice et du gouvernail, disparus.



En remontant vers la côte, on longe ce qui reste de la quille et ce qui doit être un segment de l’arbre de transmission.



Les membrures.
En remontant en direction de la côte, sur une vaste surface de la pente douce s’étalent les membrures.



Il faut fouiller sous ces tôles pour dénicher les poulpes. Puis, en remontant la pente, on rejoint la paroi rocheuse.


Il faut passer sous l’arche pour accéder à la dernière zone à visiter.



La zone de la proue.
Dans cette faille étroite et peu profonde se trouvent des restes des chaînes de mouillage.


Les anneaux sont soudés par la rouille et l’encroûtement.


Juste à côté se trouve l’une des deux ancres.


Il y a 2 ans encore, la seconde ancre était posée contre celle-ci. Elle s’est évaporée… Je suppose qu’elle doit servir de bibelot dans un jardin, au bord d’une piscine, dans un salon… M’étant replongé dans le livre d’Hervé Levano Les Epaves de la Côte Vermeille, une de mes références pour ces histoires d’Histoire, je suis tombé sur un petit encart que j’avais oublié (p. 38) :
« Une ancre ancienne, parée d’épaisses concrétions, est bien plus belle sous l’eau qu’à l’air libre. Combien d’ancres de ce type ont-elles rouillé au fond d’un jardin ou devant une capitainerie ? J’espère que les lecteurs sauront se contenter d’observer sans les remonter… »
J’ai cité cet exemple de vol égoïste dans un article paru récemment. J’en parlerai plus largement prochainement dans ces pages virtuelles.

[Depuis, la 2e ancre a réapparu, à sa place. NDLR]

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